Binaire béton : Quand les infrastructures numériques aménagent la ville - PASTEL - Thèses en ligne de ParisTech Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2019

Binary concrete. : When digital infrastructures shape the city

Binaire béton : Quand les infrastructures numériques aménagent la ville

Résumé

How is the city developed by and with digital technologies? To answer this question, the thesis analyses in a single movement the urban consequences of the information and physical infrastructures of digital technology. To this end, it mobilizes the methodological and analytical frameworks of Infrastructure Studies, the sociology of techniques and innovation and the sociology of public problems. From an empirical point of view, it proposes to take a step back from the major mediatized experiments of the "smart city" to study more diffuse, everyday transformations generated by digital technologies. It consists of two case studies: on the one hand, it follows a programme to develop connected services to improve the accessibility of a Paris Region transport network for people with reduced mobility, and on the other hand, it analyses the discreet establishment of numerous data centres in Plaine Commune, in the north of the Parisian metropolitan area, and the resulting local unrest. The fieldwork includes several participating observations, about 40 interviews, a press review and the analysis of internal documents of the organizations. The thesis shows how the logic of immediacy, of "real time", generally at the centre of the promises associated with the digital city, requires an increased availability of workers, data and servers. Thus, in the transport company, projects to improve passenger service via smartphones confront station agents with the dual imperative of the face-to-face relationship and the alerts of the connected device. The cartographic data on which connected services are based, often taken for granted, require organizations to invent new collaborations to ensure their production and maintenance. The servers necessary for the functioning of the digital society are accumulated, protected and maintained in data centres, imposing buildings that are geographically concentrated, disrupt the environments in which they are located, disconcert elected officials and disturb residents. The logic of real time thus weighs on the social and spatial organization of cities, and invites us to rethink the urban development of digital infrastructures in terms of work, maintenance and the environment - unlike those, more commonly mobilized, of socio-technical imaginaries, promises of optimization and urban models.
Comment la ville est-elle aménagée par et avec les technologies numériques ? Pour répondre à cette question, la thèse analyse dans un même mouvement les conséquences urbaines des infrastructures informationnelles et physiques du numérique. Elle mobilise pour cela les cadres méthodologiques et analytiques des Infrastructures Studies, de la sociologie des techniques et de l’innovation et de la sociologie des problèmes publics. D’un point de vue empirique, elle propose de faire un pas de côté vis-à-vis des grandes expérimentations médiatisées de la « ville intelligente » pour étudier des transformations plus diffuses, quotidiennes, générées par les technologies numériques. Elle se compose ainsi de deux études de cas : d’une part, elle suit un programme de développement de services connectés destinés à améliorer l’accessibilité d’un réseau de transport francilien pour les personnes à mobilité réduite, d’autre part, elle analyse l’implantation discrète de nombreux data centers à Plaine Commune, au nord de la métropole parisienne, et les troubles qui s’en sont suivis localement. Le travail d’enquête articule plusieurs observations participantes, une quarantaine d’entretiens, une revue de presse ainsi que l’analyse de documents internes aux organisations. La thèse montre comment la logique d’instantanéité, de « temps réel », généralement au centre des promesses associées à la ville numérique, réclame une disponibilité accrue des travailleur.se.s, des données et des serveurs. Ainsi, dans l’entreprise de transport, les projets d’amélioration du service voyageur par l’intermédiaire des smartphones confrontent les agents de gare au double impératif de la relation face à face et des alertes du périphérique connecté. Les données cartographiques sur lesquelles reposent les services connectés, souvent prises pour acquises, nécessitent aux organisations d’inventer des collaborations inédites pour assurer leur production et leur maintenance. Les serveurs nécessaires au fonctionnement de la société numérique sont accumulés, protégés et entretenus dans des data centers, imposants bâtiments qui se concentrent géographiquement, bouleversent les environnements où ils s’implantent, décontenancent les élu.e.s et dérangent les riverain.e.s. La logique de temps réel pèse ainsi sur l’organisation sociale et spatiale des villes, et invite à repenser le développement urbain des infrastructures numériques en termes de travail, de maintenance et d’environnement – à la différence de ceux, plus couramment mobilisés, d’imaginaires sociotechniques, de promesses d’optimisation et des modèles urbains.
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Dates et versions

tel-02486197 , version 1 (20-02-2020)
tel-02486197 , version 2 (28-02-2020)

Identifiants

  • HAL Id : tel-02486197 , version 2

Citer

Clément Marquet. Binaire béton : Quand les infrastructures numériques aménagent la ville. Sociologie. Université Paris Saclay (COmUE), 2019. Français. ⟨NNT : 2019SACLT036⟩. ⟨tel-02486197v2⟩
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